1-La fin de l’ère coloniale (1940-1959)
L’introduction de l’école est l’œuvre des missions religieuses aussi bien catholiques que protestantes sous l’impulsion de l’administration coloniale, en effet les premières écoles furent créées en 1842. Aussi bien pour les protestants que pour les catholiques, l’école n’était pas destinée à toutes les populations, et elle était encore un prétexte pour attirer de nouveaux croyants. L’école dispensée par les missions religieuses était rudimentaire. Il faut attendre le début des années 1920, pour voir se mettre en place une école dite « officielle » avec un début d’organisation scolaire. Là encore, elle reste très sélective car elle s’adresse d’abord aux couches élevés de la population : les « fils de chef ». C’est aussi à travers l’école qu’on forme une main d’œuvre dont l’administration coloniale a besoin. C’est au tournant de la seconde guerre mondiale qu’on pourra parler d’une diversification du champ scolaire avec les niveaux supérieur de l’enseignement : la création des collèges et la scolarisation des filles dans le secondaire ( Mouleba, 2012, Essono Mezui, 2013).
Jusqu’en 1945, l’enseignement comportait essentiellement un enseignement primaire et des écoles professionnelles. La conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944) fut à l’origine de nouvelles orientations de l’enseignement colonial. La conférence précise aussi que la scolarisation des filles doit aller de pair avec celle des garçons. C’est sous la pression de celle-ci qu’après 1945, les autorités coloniales se préoccupèrent de développer un enseignement secondaire, puis supérieur. Après 1945, une nouvelle orientation provoque la création des collèges secondaires longs (c’est-à dire, à cycle complet) ou courts préparant les élèves jusqu’au Brevet. En 1949, la mission catholique ouvrit à Libreville un collège classique (Collège Bessieux : ordonnance n 46/IGE du 7 janvier 1949) qui accueillait uniquement les garçons. Il fallut attendre1956 pour qu’elle ouvrît aussi un collège classique pour les filles (Immaculée conception).
Un an plus tard, en 1957, l’enseignement secondaire se dota du premier cours complémentaire à Port Gentil. Aux établissements de l’enseignement secondaire général, s’ajoutent ceux de l’enseignement technique, en 1948 on note l’ouverture d’une école professionnelle à Owendo, ouverture d’une école d’agriculture d’Oyem. En 1956, le collège normal transféré à Mitzic.
Si la création des collèges est effective, l’ensemble des élèves du Gabon n’y ont pas accès car la plupart des collèges sont à Libreville ou Port-Gentil. En 1959, la république gabonaise, les textes fondateurs de l’enseignement au Gabon voient le jour à travers la loi n°25/59 du 22 juin 1959, avec pour principes fondamentaux : la gratuité, la laïcité et le caractère obligatoire de l’instruction. A travers ce texte ; on constate un changement au niveau de la scolarisation qui s’inscrit désormais comme une obligation et surtout la volonté des nouvelles autorités d’instaurer une scolarisation massive.
2 – Le début de l’ère post indépendance (1960-1965)
A l’accession du Gabon à l’indépendance en 1960, le réseau scolaire est très peu développé. Si les premières écoles qui sont l’œuvre des missions religieuses (presbytériennes, protestantes, évangéliques et catholiques) datent des années 1800, et que l’enseignement laïc ne remontait qu’à partir des années 1900, on compte très peu d’écoles. Si pour les nouvelles autorités gabonaises, l’école est conçue comme « un instrument au service du développement économique, social et culturel de la nation ». Le discours sur l’école est en étroite relation avec la notion de développement, l’école va connaitre un aspect universel et les autorités vont mettre en place tous les moyens pour faire accéder l’ensemble de la population à l’école. Le discours sur l’école se fonde sur l’égalité des chances, l’universalisation de l’éducation afin de combler les retards historiques. Dans les textes fondateurs de l’enseignement au Gabon, les principes fondamentaux sont : la gratuité, la laïcité, et le caractère obligatoire de l’instruction. Il était également question d’équité : « l’égalité des chances entre les sexes, les origines et les conditions familiales sont assurés par l’État » (Loi n° 25/59 du 22 juin 1959, portant organisation, moyens et administration du plan en république Gabonaise). Depuis les années post- indépendances, l’éducation a connu une évolution remarquable au Gabon. L’Article 18 de la Constitution dispose que: «l’État garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture ». Les programmes sont établis en fonction des conditions sociales, économiques du pays et de leur évolution.
Le Gabon comptait une population scolaire de 50545 enfants dans le premier degré et 11441 dans l’enseignement général long et court, à la rentrée scolaire de 1960. En 1962, l’enseignement primaire compte 63857 enfants scolarisés. 1966 jette les bases de l’enseignement public universel, gratuit et laïc pour tous les gabonais. En effet, la loi n° 16/66 d’août 1966 portant orientation générale de l’enseignement en République Gabonaise, prônant l’éducation pour tous mais elle pose également les bases d’un système d’attribution des bourses
3 – La période du monopartisme et des ajustements structurels (1965-1990)
1966 jette les bases de l’enseignement public universel, gratuit et laïc pour tous les gabonais. Si en 1962, l’enseignement primaire compte 63857 enfants scolarisés et en 1970, 94914 ; on atteint les chiffres de 100625 élèves en 1971, pour arriver à 128.552 en1 972 et 148520 élèves en 1997. Il faut noter que cette expansion scolaire est le résultat d’une politique qui consent à l’éducation des budgets énormes. C’est le cas dans les enseignements primaires et secondaires, où le budget de fonctionnement est passé de 1537000 de Francs CFA en 1979 à 32.8 milliards de francs CFA en 1983. Le budget de fonctionnement passe de 1765 millions de francs à 12 milliards sur la même période. Il faut dire que c’est à partir des années 1970 que l’on assiste à une véritable explosion scolaire, cela s’explique par le fait que les années 70 marquent le début de l’augmentation de la production du pétrole et des mines. De 1974 à 1977, l’évolution des recettes budgétaires connaît une variation de l’ordre de 425%. L’évolution quantitative se traduit par une construction massive des salles de classes au niveau du primaire. On assiste à une répartition géographique des établissements : chaque village ayant son école, chaque bourgade ses structures d’accueil primaire.
L’évolution qualitative se traduit quant à elle par :
- l’uniforme scolaire est offert à chaque lycéen,
- les fournitures scolaires sont gratuites (livres, cahiers, stylos, crayons..),
- à partir de la classe de sixième on est automatiquement boursier,
Dans les années post-indépendance, le Gabon va s’atteler à mettre en place une politique sociale qui accompagne aussi bien les élèves que les étudiants. L’allocation d’études est au centre de l’éducation. Pour l’administration des allocations aux élèves, collégiens, lycéens et étudiants et stagiaires, il est créé un bureau des bourses et stages, au ministère des affaires étrangères le 06 novembre 1964, puis transférer au ministère de l’éducation nationale en 1968, avant de devenir un service du ministère des finances en 1969, puis une direction des bourses et stages au ministère de l’éducation nationale en 1974.
A cet effet, dans les années 1970, la politique de bourses et de financement des études est généralisée à la plupart des gabonais titulaires du baccalauréat. En 1970, la première université nait au Gabon avec un effectif de 162 étudiants, en 1971 l’université compte déjà 314 étudiants, les étudiants étaient tous boursiers, ils avaient droit au transport scolaire et l’allocation d’études. L’université nationale du Gabon deviendra, en 1978, l’université Omar Bongo.
Pour gérer les cohortes des étudiants de plus en plus nombreuses, le gouvernement a créé en 1977 la Commission Nationale d’Orientation et d’Attribution des Allocations d’Études (C.N.O.A.A.E.) pour qu’elle joue un rôle fondamental en orientant les étudiants dans les domaines et les secteurs économiques jugés importants et utiles au développement du Gabon. En 1980, c’est Direction générale des Bourses et Stages (D.G.B.S.) afin que cette entité du ministère des Finances puisse gérer quotidiennement les boursiers universitaires à qui la C.N.O.A.A.E. accordé des bourses d’études.
Voici quelques avantages de la politique des bourses pour ceux qui sont à l’étranger : la totalité des frais de scolarité liés à la formation des étudiants universitaires à l’étranger sont assurés par l’État, les bénéficiaires poursuivant leurs études à l’étranger ont droit, tous les deux ans, à un titre de transport pour collecter les données de leur recherche ou pour passer leurs vacances avec leur famille, pris en charge entièrement par le gouvernement, les enfants mineurs des étudiants boursiers sont également pris en charge.
En 1986, les livres scolaires sont distribués gratuitement en début d’année scolaire dans les collèges et lycées publics, et restitués en fin d’année solaire. C’est aussi en 1986, la deuxième université du Gabon (Université des sciences et techniques de Masuku (loi n 7/85 du 29 janvier 1986), située à Franceville voit le jour. A son ouverture elle compte 381 étudiants. Cette université nait dans l’objectif de doter le pays d’un nombre important de scientifiques et de techniciens.
En 1989-1990, les étudiants boursiers au Gabon étaient de 1577 et ceux hors du Gabon étaient de 655. Si jusque dans les années 1980, tous les étudiants inscrits à l’université étaient boursiers. Les boursiers au Gabon et hors du Gabon (Afrique, Europe, Amérique/ Asie) de 1992 à 1995 se répartissaient comme suit : 5026 ; 5476 ; 5607 ; 5841.Dans les années 1990, les politiques d’ajustement structurel ont eu un impact sur le système éducatif : en effet, l’évolution de la part des dépenses en éducation du gouvernement gabonais de 1992 à 1998 n’a pas arrêté de décroître passant de 12,1 % à 8,7 %.(Direction générale de la Statistique et des Études). Au début des années 1990, l’octroi de la bourse va se faire désormais sur des critères.
4 – La période de Transition politique (1990-2006)
En 1989-1990, les étudiants boursiers au Gabon étaient de 1577 et ceux hors du Gabon étaient de 655. Si jusque dans les années 1980, tous les étudiants inscrits à l’université étaient boursiers. Les boursiers au Gabon et hors du Gabon (Afrique, Europe, Amérique/ Asie) de 1992 à 1995 se répartissaient comme suit : 5026 ; 5476 ; 5607 ; 5841.
Dans les années 1990, les politiques d’ajustement structurel ont eu un impact sur le système éducatif : en effet l’évolution de la part des dépenses en éducation du gouvernement gabonais de 1992 à 1998 n’a pas arrêté de décroître ; passant de 12,1 % à 8,7 %.(Direction générale de la Statistique et des Études). L’attribution des bourses se fait désormais sur critères (âge et moyenne de classe), comme mentionné dans l’arrêté N°002793/PM/MES/MPEAT/MFBP/ portant abrogation de l’arrêté N°00137/PM/MESRS/MFBP/MPEA du 8 avril 1991, fixant les critères d’orientation, d’attribution, de renouvellement, de réorientation, de transfert, de suspension, de suppression et de rétablissement des allocations d’études et de stages, en faveur des étudiants de l’enseignement supérieur au Gabon et à l’étranger.
Cependant les aides sociales accordées aux étudiants se poursuivent, en effet en 1997, l’Arrêté n°9/PMINEN/MERS/MFEBP du 22 janvier 1997, portant règlement des transports des élèves et des étudiants à l’occasion des vacances scolaires et universitaires, indique qu’à l’occasion de leur départ en vacances et de leur retour de vacances, les élèves et les étudiants de nationalité gabonaise vont bénéficier à la charge de l’État, de la gratuité du transport entre le lieu de la scolarité et le lieu de résidence, lorsque le lieu de scolarité ne sont pas dans le même département.
EN 2002, la troisième université voit le jour : l’université de sciences de la santé de Libreville, a pour mission de former des médecins, des chirurgiens-dentistes, les pharmaciens et d’autres catégories de personnels de santé.
5 – La période post Transition politique (2007-2018)
Au cours des décennies, la mise en œuvre de la politique éducative a fait l’objet de plusieurs États Généraux (1983, 2010) pour apprécier les insuffisances et proposer de nouvelles orientations. Le problème d’infrastructures, engendré notamment par la faiblesse des dotations budgétaires, se décline en plusieurs volets avec des spécificités selon les localités : le manque de cycle secondaire, l’insuffisance de bâtiments dans les établissements existants; les effectifs pléthoriques ; le manque de matériel didactique et la prolifération des écoles privées.
En 2010, Les États généraux de l’éducation sont organisés du 17 au 18 mai 2010en république Gabonaise, et ils ont pour objectif de proposer aux autorités gabonaises des solutions aux problèmes qui minent le système éducatif gabonais.
En 2011, c’est le décret n°668/PR du 2 avril 2011 qui porte création et organisation de l’Agence nationale des bourses du Gabon, en remplacement de la Commission Nationale d’Orientation et d’Attribution des Allocations d’Études (C.N.O.A.A.E.). L’avènement de l’agence s’est accompagné d’une redéfinition du cadre règlementaire relatifs aux conditions d’attribution porté par le décret N° 0404/PR/MENESTFPRSCJS fixant les conditions d’attribution, de transfert, de suspension de bourses, d’orientation, de réorientation, ainsi que les modalités de prise en charge par l’État des élèves et étudiants boursiers au Gabon et à l’étranger.
La politique « d’égalité des chances » amène le gouvernement à prendre un certain nombre de mesures. C’est ainsi qu’en 2012, revirement de la situation, c’est sous la demande des hautes autorités de la république que l’allocation d’études versées sous certains critères va être généralisée à tous les bacheliers admis aux concours dans les écoles supérieures publiques et inscrits dans les universités publiques. En effet, En septembre 2012, le décret 404/PR/MENESTFPRSCJS du 26 septembre 2012 dans son article 7 alinéa 3 stipule que : « peuvent prétendre aux bourses d’études dans l’enseignement supérieur, les candidats remplissant les conditions suivantes : justifier de l’obtention du baccalauréat ou d’un titre équivalent, effectuer des études régulières et à plein temps conduisant à l’obtention du diplôme sanctionnant normalement les études considérées ». Si cette mesure est salutaire, les infrastructures de l’université Omar BONGO de Libreville vont voir leurs effectifs s’accroitre car tous les bacheliers vont désormais s’inscrire à l’université pour avoir droit à la bourse d’études. Au niveau de l’enseignement supérieur, le nombre de boursiers à augmenter de 162% de 2011 à 2019, autrement dit de 12556 à 32835 étudiants. Et 90% des boursiers sont scolarisés au Gabon.
De 2012 à 2019, un peu plus de 379 milliards de Francs CFA ont été employés au financement des bourses et accessoires (source : ANBG). Mais la généralisation de la bourse voile aussi la précarité étudiante, car beaucoup d’entre eux inscrits à l’uob sont dans une fragilité économique. (Bekalé, 2020).
L’insuffisance des ressources financières peut conduire à la remise en cause de certaines politiques sociales.
C’est ainsi qu’en 2015, l’allocation d’études qui a toujours été versée aux élèves des collèges publiques est suspendue sans annonce et depuis cette période aucune allocation n’a été donnée aux élèves de lycées et collèges. La crise économique, l’accroissement des effectifs des élèves, la faiblesse des dotations budgétaires conduisent à la raréfaction des bourses d’études. Et ces dernières années on assiste à la mise en place des critères drastiques de sélection pour l’obtention d’une bourse.
En 2017, pour réduire le déficit en salles de classes, il est prévu par le Gouvernement, la construction de 17 établissements scolaires dans les villes de Port-Gentil et Libreville, pour un montant de 11 milliards de FCFA. En 2018, ce sont 99116 tables-bancs qui doivent être fournis aux structures d’enseignement du Gabon.
6 – La période Covid 19 (2019-2021)
Si jusqu’en 2018, la politique de généralisation de bourse est active, mais l’État ne pouvant plus faire face aux grosses dépenses générées par l’octroi des bourses avait pris la décision de revenir sur le décret « 404 » qui généralisait la bourse à tous les bacheliers. C’est donc le décret n 0079/PR/MERTT du 11juin 2019, qui porte modification au décret 404 du 26 septembre 2012, en son article sept, il stipule que : « les bourses d’études sont attribués selon le mérite, l’âge et les critères socio-économiques. Cette modification peut également avoir une explication car les demandes ont explosés car on constatait qu’en 2019, les effectifs de l’université Omar Bongo de Libreville s’élève à près de 35000 étudiants et l’État doit faire face au paiement de l’allocation d’études de ces nombreux étudiants.
La situation de fermeture des établissements scolaires décidés par le gouvernement pour faire face à la propagation de la Covid-19, a mis en exergue le besoin urgent de réformer.
Au niveau du système éducatif public les pratiques d’apprentissage ne mettent pas toujours l’outil numérique en avant. C’est ainsi que suite aux fermetures des écoles et lycées et universités de nouveaux modèles d’apprentissage rentrent en rigueur car la présence en classe est interdite. La norme est de continuer à maintenir un enseignement à distance, surtout pour les classes d’examen. Les autorités ministérielles mettent en place les cours à travers la télé enseignement et pour cela ils se servent des supports de communication classique : la télévision et la radio. Le programme se nomme
La situation était plus difficile en province ou la connexion n’existe pas car la télévision nationale passe par le canal des chines privées. La seule option permettant de faire face à cette situation consiste à utiliser l’enseignement à distance ; ce qui suppose de disposer des pré-requis nécessaires à cette stratégie (digitalisation des cours, équipements informatiques pour les élèves et les enseignants, connectivité au haut débit ou à la télévision). Ces nouvelles technologies. En outre, le développement de l’enseignement à distance, du fait de la fracture numérique, creuse les inégalités au détriment des familles ne disposant de l’accès à l’internet, notamment pour les familles pauvres